On dit qu’une personne se donne une étiquette quand elle insiste sur une caractéristique qu’elle s’associe. Dans le monde de l’activité physique, j’entends souvent ce type d’étiquette : Je ne suis pas en forme, je suis quelqu’un de sédentaire, je ne suis pas sportif (ve), je n’ai aucune habileté sportive, je suis quelqu’un qui n’aime pas le sport, je n’aime pas bouger, je suis gros(se), etc. Se coller une étiquette est un concept que je n’affectionne pas du tout. En effet, se coller, ou se faire coller, une étiquette, c’est un concept très limitant, contraignant, statique et enfermant, qui ne laisse pas place aux changements et aux développements. De plus, s’attribuer, ou se faire attribuer une étiquette mène à plusieurs effets pervers. Découvrez-les ci-bas.
Les étiquettes vous encrent encore plus dans ce comportement.
À force de vous dire que vous n’êtes pas en forme, par exemple, vous finirez par croire que vous êtes comme ça et que peu importe ce que vous ferez, vous resterez comme ça. Avoir une étiquette vous démotive à y apporter un changement. On se dit : «À quoi bon ? C’est un fait : je ne suis pas en forme, c’est comme ça». Ainsi, vous ne "gaspillerez" pas votre énergie à essayer de vous défaire de cette étiquette. S’attribuer une étiquette, c’est s’enfermer dans une version de vous-même ne laissant pas l’opportunité de changer ou d’évoluer.
Les étiquettes vous permettent de justifier des comportements.
Les étiquettes vous contraignent dans certaines actions, ou inactions, et vous incitent même à prendre des portes de sortie vous poussant ainsi à vivre dans l’évitement de situations dans lesquelles vous ne vous croyez pas capables d’affronter. Les étiquettes peuvent même apporter les personnes à se déresponsabiliser face à sa problématique en guise d’excuses! Par exemple, à force de vous dire que vous n’êtes pas sportif, vous allez utiliser cette caractéristique pour vous autoriser certains comportements : à quoi bon aller essayer le ski, vous n’êtes pas sportive; c’est correct de rester sédentaire, car vous n’aimez pas le sport; c’est correct de rester assise à regarder les autres jouer au tennis plutôt que d’essayer, car vous n’avez aucune habileté sportive. Ces caractéristiques, pour lesquelles vous vous étiquetez, définissent donc vos limites et vous permettent de vous autoriser des comportements néfastes pour votre santé, comme la sédentarité! Vous vous appropriez donc cette caractéristique pour l’incarner et vous en enlever la responsabilité. Ça devient une explication "magique", du moins pratique, pour éviter de vous mettre dans une situation inconfortable.
Les étiquettes ont une influence sur votre estime.
Quand on se répète souvent qu’on est comme-ci ou comme ça, on peut se mettre à penser qu’il n’y a rien à faire et qu’on va rester comme ça! Notre confiance en nous et en la capacité que nous avons à changer tend donc à diminuer! Par exemple, si vous vous répétez sans cesse que vous n’avez aucune habileté sportive, vous n’aurez pas tendance à vous inscrire dans un cours de groupe, parce que de toute façon vous n’aurez pas les habiletés pour performer dans ce cours. Vous n’oserez donc jamais essayer, étant convaincu que vous n’en serez pas capable. Par contre, plus vous vous détachez de votre étiquette plus vous vous laissez la chance de changer. Bien que vos habiletés sportives soient faibles au départ, à force de participer aux cours vos habiletés se développeront rendant les cours de plus en plus faciles. Vous détacher de vos étiquettes vous permet donc de voir et constatez que vous êtes dans un processus évolutif, plutôt qu’une étiquette contraignante et statique dans le temps!
Les étiquettes diminuent votre motivation à changer
Si je m’attribue l’étiquette de «pas bon en sport», et que je me persuade que c’est vrai, j’aurai beaucoup de mal à ne plus l’être. Relever un défi que l’on pense déjà perdu au fond de soi est très compliqué. Comment trouver l’énergie de se battre si l’on pense avoir perdu d’avance? On a alors tendance à se résigner et à accepter d’endosser cette étiquette de «pas bon en sport», même si on voudrait que ce soit différent.
Attention aux étiquettes positives
Bien que les étiquettes positives aient tendance à être moins néfastes, les étiquettes positives viennent tout de même avec un bémol… Lorsqu’on se fait attribuer, ou qu’on s’attribue, une étique positive comme : être un(e) excellent(e) sportif(ve), être un(e) athlète, etc. une certaine pression vient avec ce titre. En effet, lorsqu’on se fait coller une telle étiquette, nous nous ne donnons pas le droit de ne pas exceller! La personne qui détient l’étiquette d’athlète aura tendance à se dire qu’il doit l’être tout le temps! Il ne se donnera jamais le droit de moins bien performer. La pression devient haute et les attentes sont grandes!
Malheureusement l’humain a toujours tendance à vouloir tout catégoriser, mais ne pouvons-nous pas juste être tout simplement des humains? Détachons-nous de ces étiquettes et arrêtons de nous cadrer dans des cases, laissons-nous et permettons-nous de vaguer, évoluer et changer! Plutôt que de faire des généralités, je vous invite à essayer de nuancer vos propos et remplacer « je suis une personne sédentaire (pour toujours et à jamais)» par «aujourd’hui je n’ai pas beaucoup bougé!». Offrez-vous la possibilité de vous voir différemment en posant un nouveau regard sur vous-même, car après tout il est permis de changer!
Alexanne Bolduc, B.Sc., Kinésiologue
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