Nombreuses sont les études qui démontrent que lorsque l’enfant bouge, il développe leurs habiletés motrices et celles-ci auraient un impact majeur sur le développement global de l’enfant. Il se trouve que l’âge de 0-9 ans constitue une période charnière dans le développement des habiletés motrices. Normalement, à l’école et à la garderie, on prévoit chaque jour des périodes de jeux pour que l’enfant puisse bouger et ainsi se développer. Il est donc important que, malgré le confinement, les parents prévoient quotidiennement des périodes pour que l’enfant bouge pour continuer ce développement optimal.
Qu’est-ce que les habiletés motrices?
Une habileté motrice est définie comme le niveau de compétence ou de savoir-faire qu’une personne a, à effectuer un mouvement moteur. Il existerait plus d’une quarantaine d’habiletés motrices fondamentales liées à l’être humain. Celles-ci seraient classées en trois grandes catégories :
D’équilibre (ex. : se tenir en équilibre sur une jambe, rouler, esquiver, arrêter, se balancer.).
De manipulation (ex. : botter, frapper avec un bâton ou une raquette, lancer, attraper, bloquer, dribler, manipuler une rondelle ou une balle avec un bâton).
De locomotion (ex. : monter, grimper, marcher, sautiller, nager, patiner, courir, etc.).
Les bienfaits de ces habiletés motrices dans le développement de l’enfant:
Selon de nombreuses études, le développement des habiletés motrices aurait énormément d’impact dans le développement de l’enfant. En effet, maîtriser ces habiletés aurait entre autres des effets sur les habiletés cognitives menant à la réussite scolaire, la santé psychologique (la confiance et l’estime de soi) ainsi que la santé physique.
1) Habiletés motrices et réussite scolaire
Selon les études, l’enfant, dont la motricité n’a pas atteint un état satisfaisant de développement, est susceptible de vivre des difficultés d’apprentissage dès ses premières années de scolarisation surtout en mathématique, en lecture et en écriture. Les recherches expliquent cette influence par le fait que les habiletés motrices activeraient de façon importante le lobe frontal et le cervelet, deux régions du cerveau qui jouent un rôle central dans les processus cognitifs. Le développement des habiletés motrices développerait également la capacité à l’enfant de se situer dans l’espace et dans le temps, deux fondements essentiels pour l’apprentissage de la lecture et de l’écriture. De plus, des études ont révélé que des difficultés sur le plan des habiletés motrices auraient une influence sur la capacité d’attention des enfants. D’ailleurs selon une étude, 50% des enfants atteints de TDAH présenteraient des déficits moteurs.
2) Habiletés motrices et la confiance et l’estime de soi
Lorsque l’enfant développe ses habiletés motrices, il développerait parallèlement sa confiance en soi, surtout si la méthode du jeu libre est pratiquée (méthode expliquée un peu plus bas). L’acquisition de nouvelles capacités et l’accumulation de réussites augmenteraient l’autonomie de l’enfant et lui procureraient un sentiment de fierté augmentant ainsi la confiance et l’estime de soi.
3) Habiletés motrices, prédicateur important d’un adulte actif
Nombreuses sont les études qui affirment qu’un enfant ayant développé, de façon satisfaisante, ses habiletés motrices augmente ses chances de devenir une personne active tout au long de sa vie, gage de meilleure santé (meilleure santé cardiovasculaire et meilleure gestion du poids). En effet, un enfant qui a adéquatement développé ses habiletés motrices aura confiance à bouger parce qu’il se sentira compétent à bouger! Ainsi, il retirera plus de plaisir à pratiquer l’activité physique. Lorsqu’une personne tire plaisir et satisfaction d’une expérience, il se trouve plus enclin à reproduire cette expérience positive vécue. À sens inverse, si l’enfant ne développe pas certaines habiletés motrices, il deviendra de plus en plus passif dans les cours d’éducation physique, puisqu’il n’est pas en mesure d’accomplir la tâche demandée. Puis, dès qu’il en aura l’occasion, il abandonnera la pratique, car cette pratique ne le valorise pas (augmentation du risque de souffrir d’embonpoint, maladies cardiovasculaires, maladies métaboliques, de souffrir d’ostéoporose, etc.).
Comment développer les habiletés motrices de mon enfant?
Le développement des habiletés motrices est un long processus qui commence si tôt dans le ventre de maman. En tant que parents, la meilleure chose que vous pouvez faire pour que votre enfant développe, de façon optimale ses habiletés motrices, c’est de s’assurer que, tout au long de son enfance, votre enfant bouge tous les jours, dans un environnement stimulant et sécuritaire. En effet, de simples périodes de jeux quotidiennes permettraient l’enrichissement et le perfectionnement de l’ensemble des habiletés motrices de base. Il est cependant recommandé :
De diversifier les périodes de jeux, afin que l’enfant apprenne à travailler différemment, dans différents environnements et avec différentes parties du corps.
De s’impliquer lors des périodes de jeux. D’abord parce qu’une partie de l’apprentissage se fait par imitation (l’enfant tentera de reproduire ce que le parent fait), mais aussi parce qu’il est démontré qu’un lien d’attachement bien établi entre le parent et l’enfant permettrait à l’enfant de se sentir suffisamment en sécurité pour explorer, prendre des risques et chercher de l’aide lorsque nécessaire.
De pratiquer la méthode du jeu libre. Cette méthode veut que l’enfant fasse ses acquisitions motrices, lui –même, à son rythme, sans que l’adulte n’intervienne physiquement. Ainsi, l’enfant découvrirait par lui-même son corps et deviendrait plus efficace à exploiter ses capacités, puisqu’il est impliqué dans le cheminement de son apprentissage. Dans cette méthode, l’adulte n’aurait pour rôle que d’accompagner, d’encourager et d’assurer un environnement sécuritaire à l’enfant. Bien qu’il soit tentant pour le parent de voir progresser son enfant vers des habiletés supérieures, amener l’enfant à prendre des positions ou à effectuer des gestes pour lesquels il n’est pas encore prêt, limiterait l’enfant dans ses initiatives et dans sa confiance en lui qui, rappelons-le, se développe au fur et à mesure où il vit des réussites. Selon plusieurs études, cette technique est reconnue comme étant très efficace pour aider à développer les habiletés motrices de l’enfant et aiderait le bambin à développer son autonomie, sa créativité, sa ténacité, sa confiance en ses capacités et en son jugement, son estime de soi, et augmenterait le sentiment d’accomplissement.
Les habiletés motrices et le système nerveux.
Il est important de comprendre que le développement des habiletés motrices est aussi influencé par le développement du système nerveux de l’enfant, et que la maturation du système nerveux est propre à chaque enfant. Ainsi, il est tout à fait normal de voir des écarts de 6-8 mois dans l’apparition de certaines habiletés motrices entre les enfants. Par contre, si l’enfant est bien stimulé, vers l’âge de 9 ans, l’ensemble des habiletés motrices fondamentales devrait être bien maîtrisé, puisque c’est entre 0 à 9 ans que le système nerveux de l’enfant est en plein développement. Il est donc facile pour lui de faire des apprentissages moteurs. C’est d’ailleurs pour cette raison qu’il est primordial que l’enfant bouge suffisamment dans ces âges : le développement de son système nerveux lui permet d’accomplir beaucoup avec un minimum d’effort! Malgré qu’il existe un âge charnière quant au développement des habiletés motrices, sachez qu’il est tout de même possible d’améliorer ses habiletés motrices après l’âge de 9 ans. Par contre, il vous faudra beaucoup plus de travail et de patience avant de maîtriser l’habileté en question!
Le développement des habiletés motrices selon l’âge
Les habiletés motrices de 0-2 ans
De la naissance à 2 ans, l’important c’est que l’enfant puisse explorer son corps. On devrait stimuler l’enfant à se mouvoir et à explorer, en lui offrant l’espace sécuritaire pour le faire. Aidez-le en lui offrant des jouets stimulants, colorés et texturés afin de l’inciter à les saisir ou à se déplacer (en se tournant, en rampant, en marchant à quatre pattes) pour les atteindre. Il ne faut surtout pas le placer dans des positions qu’il ne maîtrise pas et dont il ne peut sortir seul.
De 2 à 4 ans,
Les habiletés motrices sont présentes, mais ont des amplitudes de mouvements limitées et des enchaînements très approximatifs. Tranquillement l’enfant prendra plus de contrôle sur ses différentes parties du corps, sur son tonus musculaire, son équilibre et sa coordination. Les activités à privilégier doivent mobiliser tout le corps de l’enfant : se déplacer sur différentes surfaces avec différents degrés d’inclinaison, courir et se poursuivre, grimper, faire des courses à obstacles, danser et bouger sur de la musique, jouer au ballon, pédaler sur un tricycle ou sur une bicyclette.
De 4 à 7 ans
L’enfant éprouve du plaisir à expérimenter et à explorer, car il est de plus en plus en contrôle. À cet âge, il court, il saute, il pédale, il monte et descend les escaliers. Ces habiletés motrices deviennent de plus en plus fines et précises lui permettant de lacer ses souliers, dessiner des formes géométriques, de lancer ou botter un ballon de façon dirigée vers un autre individu, etc.
De 7 à 9 ans,
Ses habiletés motrices s’enchaînent avec fluidité et coordination. L’enfant est alors dans une période de sa vie où ses habiletés motrices de base sont consolidées. Il est maintenant prêt apprendre des gestes plus techniques. Il demeure important, à cet âge, de ne pas spécialiser l’enfant dans un sport et l’encourager vers la polyvalence motrice (pratiquer et essayer plusieurs sports.) Éventuellement, ça fera de lui un athlète beaucoup plus complet!
Finalement, je vous invite, chers parents, à planifier avec l’enfant des périodes pour les activités physiques et sportives, sans toutefois les présenter comme une obligation ou une punition. Misez plutôt sur le plaisir de bouger. Montrez à votre enfant que vous êtes fiers de lui et encouragez l’effort, peu importe le résultat final, car l’important, c’est reconnaître ses progrès. N’insistez donc pas sur les erreurs ou les défaites! Ainsi, votre enfant aura tous les ingrédients nécessaires pour qu’à l’âge de 9 ans, il se sente compétent à bouger et qu’il ait envie de s’engager dans des activités récréatives ou sportives toute sa vie!
-Alexanne Bolduc, B.Sc., Kinésiologue
Suivez-moi sur Facebook : Kinfo
Références:
Comments